La psychophonie

Historique

La psychophonie naît dans les années 1960-70 de la découverte par Marie-Louise AUCHER d’une échelle de correspondances entre des hauteurs de sons et des lieux du corps : chantant souvent accompagnée à l’orgue, elle perçoit la richesse de sensations vibratoires récurrentes, dont le développement conscient fera le socle de son travail vocal.

Son approche de la voix, parlée ou chantée, donne la part belle au ressenti, à la qualité de la posture et au mouvement pour la part corporelle, à l’imaginaire et à l’intentionnalité pour la part mentale. Cette démarche considère donc l’intégralité de la personne, pour une harmonisation des différents plans de l’être.

Avec Chantal VERDIERE, sage-femme, Marie-Louise AUCHER crée le chant prénatal, qui s’inscrit dans les propositions de préparation à l’accouchement. Dans le même esprit, ses groupes et formations de chant familial visent au partage entre les générations du plaisir, de la créativité et des liens favorisés par le chant.

Spécificité de la psychophonie

Une séance de psychophonie commence par un temps de liquidation des tensions les plus superficielles, par des étirements, des bâillements et des gestes simples pour se détendre.

L’instrument vocal peut se construire ensuite, par la combinaison de vocalises associées à d’éventuels mouvements et images mentales choisis, et de textes ou chants de styles et d’origines divers.

Points du chanteur et vocalises

 

Marie-Louise AUCHER a élaboré un répertoire de vocalises destiné à travailler ce qu’elle a dénommé les points du chanteur, dont elle a établi une cartographie. Les vocalises visent ainsi chacune des objectifs précis de structuration de l’instrument – renforcer la qualité vibratoire, les zones d’appui, l’axe vertical, ajuster son tonus, ouvrir les espaces de résonance, préciser l’articulation…

Schéma extrait de En Corps chanté, © Marie-Louise Aucher

Le mouvement au service de la voix

Le corps étant l’instrument de la phonation, nous en travaillons les qualités de tonicité, de mobilité et d’intentionnalité pour nourrir la voix. Le mouvement qui soutient une vocalise ou un chant peut engager tout le corps (enroulement et déroulement de la colonne par exemple), ou être plus localisé (ex. : ouverture des bras sur le plan horizontal).

 

Ce procédé aide à la canalisation ou à la diffusion de l’énergie, et à l’émission d’une voix plus vivante et plus souple, riche des capacités structurantes et expressives du corps.

Progressivement, le geste s’intériorise, ouvrant à une voix qui en conserve les qualités associées sans plus avoir besoin du mouvement.

Emission et réception

Une voix juste en termes d’intensité et de tonalité (parler ou chanter juste) et en termes d’intention (exprimer sa pensée avec justesse) s’obtient par l’équilibration entre ces deux facultés d’émission et de réception, de sa propre voix et de celle des autres.

Notre qualité d’émission est nourrie des vibrations reçues, les nôtres et celles de nos partenaires : développer son écoute contribue à enrichir son timbre, d’où l’importance des temps de réception du son, et la part belle donnée aux différentes modalités d’auto-écoute.

Valorisation de la sensorialité

Parce que parler, chanter et manger recrutent deux sens des plus archaïques et empruntent des canaux identiques ou proches, la psychophonie fait appel à l’olfaction et à la gustation pour donner du corps à la voix.

Une voix qui nous touche est une voix incarnée et assumée, ce qui engage la matière du corps, sa densité, sa qualité musculaire, qui contribuent à « faire passer les messages ».

De même que la vision peut être focalisée ou large, le son peut s’orienter vers un destinataire ou se destiner à un vaste auditoire. Le regard peut être intérieur tout comme il peut être curieux du monde alentour : son
intentionnalité joue sur la diffusion de la voix.

L’audition enfin, maîtresse de la qualité de la voix, s’aborde par l’auto-écoute et par l’écoute de son ou de ses partenaires. L’écoute de soi est fondamentale pour trouver ses repères propres et « renforcer son cocon ». La qualité d’écoute de l’autre en sera améliorée, et par là, la capacité à s’accorder, en volume, en direction, en intention, en justesse pour le chant polyphonique ou accompagné d’un instrument.

Bibliographie

PSYCHOPHONIE1

AUCHER M.L.

En Corps Chanté

2004, Hommes et Groupes, Malesherbes

PSYCHOPHONIE2

HIERONIMUS S.

« Expression vocale : la voix chantée »

Manuel d’Enseignement de Psychomotricité, tome 2

Sous la direction de GIROMINI F., ALBARET P., SCIALOM P.

2015, de Boeck, Louvain-la-Neuve

PSYCHOPHONIE4

POTEL M.-L.

Le Chant Prénatal

2011, Desiris, Méolans-Revel

PSYCHOPHONIE3

PARIS-DURIEUX A. et CARDINALE M.J.

La Psychophonie, une Approche Vivante de la Voix

2018, Le Courrier du Livre, Paris

PSYCHOPHONIE5

TOMATIS A.

L’Oreille et la Voix – « On chante avec son oreille »

2006, R. Laffont, Paris