La Gymnastique Holistique d’Ehrenfried

Lily EHRENFRIED (1896 – 1994), médecin, suit à Berlin les cours de « gymnastique douce »d’Elsa GINDLER (1885 – 1961), qui développe dans les années 1930 une approche du mouvement en rupture avec la gymnastique sportive couramment pratiquée jusqu’alors : la personne est invitée à considérer son corps comme un instrument de musique dont elle apprendrait à jouer, et qui pourrait se soigner lui-même à force d’exploration et de maîtrise, conjuguées à la concentration et à la détente.
Lily Ehrenfried quitte Berlin pour la France en 1933 sous la menace nazie. Elle devient kinésithérapeute et forme des praticiens de santé et des danseurs au travail corporel dont elle a hérité – qui prendra le nom de Gymnastique Holistique en 1984.

Le maître mot de cette approche est la globalité : non seulement la mobilisation d’une partie du corps peut-elle agir à distance sur une autre région, mais les bienfaits physiques retentissent sur l’état général de la personne.

Priorité est donnée à la qualité du placement ostéoarticulaire : la justesse d’une posture, d’un état tonique et d’un mouvement, ainsi que la liberté respiratoire, s’obtiennent à partir de la prise en compte de “l’architecture” du corps, de sa position d’alignement physiologique optimale.

Une mobilité naturelle peut alors advenir, qui prend le pas sur les douleurs aiguës ou chroniques souvent à l’origine de la démarche.

En pratique

Les mouvements sont simples et précis, décrits verbalement par le praticien, jamais montrés pour que la personne trouve son propre chemin, sa mesure et son rythme. Du petit matériel peut être utilisé pour aider à la perception, pour dénouer des tensions ou stimuler un endroit du corps.

Un temps d’auto-observation est régulièrement proposé, pour qu’à partir d’un ressenti toujours plus fin la personne puisse intégrer les transformations en train de se produire. Les connaissances actuelles en neurosciences, et plus spécifiquement sur la proprioception et sur le rôle des fascias dans l’équilibre du corps, confirment le bien-fondé de cette approche née avant guerre que l’on pourrait résumer en ces termes : à petits mouvements grands effets. Forme déloge de la lenteur et de la modération, la Gymnastique Holistique répond aussi à un besoin croissant auprès de personnes toujours plus soumises au stress, au travail et au quotidien.

La Gymnastique Holistique peut être envisagée sous trois angles, éducatif, préventif et thérapeutique :
Educatif en aidant la personne à préciser son ressenti et à intégrer les modifications de son image du corps et ses nouvelles capacités de mouvement. Chacun tend ainsi vers l’autonomie, en trouvant les clés de son mieux-être.
Préventif en préservant le capital somatique du sujet, et en agissant sur les zones de tension voire de douleur avant qu’elles ne se chronicisent et ne nécessitent des soins plus intrusifs et compliqués.
Thérapeutique en favorisant une réorganisation de la posture et du geste en profondeur, pour la part corporelle tant au niveau du squelette et des articulations qu’au niveau musculaire, viscéral et immunitaire, et pour la part psychique à la fois pour plus de présence à soi-même, de détente et de facilité de lien avec autrui.

Bibliographie

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Sur le Chemin de la Détente

1994, Guy Trédaniel, Paris

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« Gymnastique holistique : méthode Ehrenfried »

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2015, De Boeck Supérieur, Louvain-la-Neuve