Les schèmes de développement (« patterns » en anglais) sont des modèles neuromusculaires mis en place dès la vie intra-utérine pour organiser nos acquisitions psychomotrices, du premier maintien de la tête aux premiers retournements à la marche, ainsi que toutes les coordinations de la course, du saut, des différents modes de déplacement et des gestes.
Ils permettent le passage d’une posture et d’un niveau spatial à un autre – d’assis à quatre pattes par exemple.
Leur bonne intégration participe aussi des capacités expressives.
Ils éclairent sur la façon propre à chacun de s’engager dans l’espace et dans la relation.
Malgré leur substrat neurologique « précâblé », ils sont souvent partiellement ou mal intégrés. Leur « revisite » par le travail corporel est donc essentielle pour soutenir fonctionnalité, adaptabilité et expressivité du mouvement.
Elle nourrit les changements de forme du corps et la connexion dedans/dehors.
Depuis le support respiratoire, elle organise la dynamique d’expansion ou de rassemblement.
Elle construit l’axe vertébral, entre mobilité de la colonne et initiation du mouvement depuis l’une de ses extrémités.
Elle sollicite la force de repousser des membres – les deux bras ou les deux jambes, pour renforcer la stabilité et la solidité sans lesquelles pas de mobilité.
Engageant le bras et la jambe du même côté, elle organise la latéralité droite/gauche et consolide l’axe vertébral qui relie et sépare ces deux côtés.
Engageant le bras et la jambe opposés, elle met en jeu la zone carrefour du centre du corps (le « core » en anglais) et les capacités rotatoires de la colonne, pour conduire au plus élaboré de nos mouvements, le mouvement spiralé.
Au cours de son développement psychomoteur, l’enfant expérimente ces différentes organisations motrices qui se mettent en place au gré de la maturation neurologique, et qui se précisent dans un jeu d’allers-retours permanent, chaque schème se nourrissant du support des précédents et préparant aux suivants.
Progressivement, le mouvement se complexifie, la tridimensionnalité apparaît, le geste se précise et se diversifie.
Chacun de ces schèmes soutient un imaginaire ainsi qu’une attitude posturale et relationnelle.
C’est pourquoi le travail sur les schèmes de développement est utile à tout âge : il permet d’entretenir les compétences psychomotrices mais surtout de les améliorer et de les diversifier.
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Sentir, ressentir et agir
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Jalons pour une Pratique Psychocorporelle
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